dimanche 28 septembre 2014

Le TOR DES GEANTS 2014 vécu par un "bleu" !





VENI, VIDI, VICI !
Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu !
Le TOR DES GEANTS, vécu par un « bleu » : BUFFALO JOE
Du 07 au 14/09/2014, c’était la 5ème édition du
  
330 Km et 24000 M D+ à travers la vallée d’AOSTE via les « Hautes Routes » 1 et 2
…..Et, avec BEAUCAILLOU, BOLY, CAMPARI,
les 2 CHRISTOPHE, GUY, MARCASSOU,
NATHA, VOLLEGAZ, WANAGI…
… j’y étais !!!!

BEAUCAILLOU (Jean-Luc DELPIERRE) et moi, arrivons déjà à COURMAYEUR le jeudi 04/09 après-midi où nous prenons nos quartiers à l’hôtel EDELWEISS (http://www.albergoedelweiss.it/fr/) situé dans le quartier historique de la localité (très convivial et sympathique et où nous pourrons laisser nos bagages et la voiture durant la course).
Durant les 3 nuits suivantes et grâce à BEAUCAILLOU, j’aurai tout le loisir de m’habituer aux ronflements futurs que j’entendrai  inévitablement dans les bases de vie du TOR !!!

La journée du vendredi 05/09 nous permettra de nous mettre peu à peu dans l’ambiance du TOR et de découvrir le charme de COURMAYEUR. Nous aurons l’occasion de retrouver Guy (BERTON), de prendre un pot et de manger ensemble dans un petit bistrot, à côté de 2 favoris du TOR : Antoine GUILLON et Christophe LE SAUX. 
Nous aurons aussi l’opportunité de rencontrer et de discuter du TOR avec d’autres coureurs dont des finishers, augmentant peu à peu la pression et le stress !!!

Le samedi 06/09, à l’hôtel, nous retrouvons d’abord MARCASSOU qui revient d’avoir été supporter LA GROSSE, SAPIN et ARNAUD lors de leur fameuse traversée CHAMONIX-BRIANCON. Ensuite, l’après-midi, arrivent enfin, à l’hôtel, BOLY, CAMPARI, VOLLEGAZ et WANAGI.
Toujours cette après-midi, c’est la remise des dossards (le mien est le 644) et le contrôle du sac avec tout le matériel obligatoire au centre sportif de DOLONNE. Cette vérification du matériel est réalisée par seulement 4 contrôleurs et c’est un peu (beaucoup) le « bazar » : cela prend énormément de temps. Il ne s’agit pas d’avoir oublié quelque chose, sans quoi, on ne passe pas. Merci à NATHA, que nous croisons opportunément, de nous avoir prêté un bidon et une poche à eau !!!! On récupère le fameux sac jaune GRIVEL qui nous précédera à chaque base de vie et retour à l’hôtel pour remplir ce sac des objets indispensables à notre périple de la semaine !!!
 
Le TOR DES GEANTS est divisé en 7 étapes et autant de bases de vie :

- Km 0 : départ de COURMAYEUR
- Km 49 : VALGRISENCHE (1ère base)
- Km 102 : COGNE (2ème base)
- Km 149 : DONNAS (3ème base)
- Km 200 : GRESSONEY-ST-JEAN (4ème base)
- Km 236 : VALTOURNENCHE (5ème base)
- Km 283 : OLLOMONT (6ème base)
- Km 332 : COURMAYEUR (arrivée et dernière base).

En plus de ces bases de vie, de nombreux ravitaillements situés soit dans des localités, soit dans des refuges, soit dans des abris provisoires, sont situés tout le long du parcours.

Curieusement, tous les bénévoles nous souhaitent un BON VOYAGE ! Je comprendrai plus tard que cette expression est vraiment la plus appropriée pour cette épreuve.
Le soir, tous les Célestes réunis, nous faisons l’impasse sur la pasta party et nous préférons investir un restaurant et avaler une délicieuse et immense pizza accompagnée d’une bonne bière et/ou d’une bonne bouteille de vin de la vallée d’Aoste ! Ensuite, retour à l’hôtel et dodo car, demain, c’est le grand jour et, surtout, une grande première pour la majorité d’entre nous (BEAUCAILLOU, CAMPARI, VOLLEGAZ, WANAGI et moi).

Dimanche 07/09, ça y est, nous y sommes, c’est LE JOUR tant attendu depuis de nombreux mois. Après un dernier bon petit-déjêuner, nous allons déposer nos sacs jaunes à DOLONNE et nous rejoignons ensuite la ligne de départ, dans le centre historique de COURMAYEUR, au bout de la Via Roma, sur la Piazza Brocherel. Il fait super beau et tout le monde a le sourire. Dans la foule des 738 coureurs prenant le départ, nous retrouvons Guy (BERTON) et, à 1000 Hr, le départ est donné. On se souhaite bonne course et, ça y est,  on est enfin libéré, du moins, en ce qui me concerne.

 

Nous traversons COURMAYEUR (1224 M) par la rue semi-piétonne de la Via Roma et nous courons ensuite jusque DOLONNE où, à la queue leu leu, nous entamons une bonne montée d’abord à travers bois, ensuite par les alpages, vers le COL D’ARP situé 1364 M plus haut (2571 M).
Chacun de nous fait sa propre course et adopte son propre rythme : manifestement, je suis le dernier des Célestes dans le peloton  mais qu’importe, le voyage ne fait que débuter ! 

 

Les sentiers sont faciles pour le moment et, le COL D’ARP  franchi, je descends, tranquille, vers LA THUILE (1458 M, KM 17) via le vallon de la YOULAZ où j’arrive à 1338 Hr et où je retrouve mes comparses arrivés quelques minutes plus tôt.
Après un bref ravitaillement, c’est reparti pour une longue montée vers le refuge DEFFEYES (2500 M) et ensuite vers le COL HAUT PAS (2857 M, Km 30) où je rejoins CAMPARI.
    
 
 A partir de cet instant, CAMPARI et moi serons toujours ensemble jusqu’à la fin de ce « voyage ». Nouvelle descente vers l’alpage de PROMOUD (2017 M, Km 33) dont une partie du bâtiment a été détruite par une avalanche puis on attaque une montée difficile et fort venteuse de 800 M D+ vers le COL DE LA CROSATIE, situé à 2829 M (Km 36). De là, la vue est superbe sur la GRAND ROUSSE.
 

On se jette dans la descente vers PLANAVAL (1517 M) via le LAC DU FOND (2439 M) et , après une dernière montée (175 M D+), CAMPARI et moi atteignons la 1ère base de vie : VALGRISENCHE (1662 m, Km 49) où je suis contrôlé entrant à 2306 Hr (donc après 13 : 06 Hr de course).
La barrière horaire entrante est fixée au lundi 08 à 0500 Hr et sortante à 0700 Hr, j’ai donc de la marge !
CAMPARI et moi décidons de nous changer, de nous laver et de nous restaurer pour repartir sans dormir, comptant sur le CHALET DE L’EPEE, situé au Km 57 et à 2366 M, pour y piquer un petit roupillon.

Ayant coupé mon GSM dès le départ, j’en profite pour le rallumer et lire tous les SMS d’encouragement qui me sont adressés : ça n’arrête pas ! C’est chouette et motivant. Je l’éteins à nouveau pour préserver sa batterie et je ne le remettrai en service qu’à la prochaine base de vie ou gros ravitaillement.
Nous quittons VALGRISENCHE à 0027 Hr (tiens, nous sommes le lundi 08 maintenant) tout requinqué et, arrivés au CHALET DE L’EPEE, pas moyen de dormir dans un couchage. On squatte la banquette durant une bonne demi-heure et, surprise, BEAUCAILLOU nous y rejoint quelques minutes après. Et voilà, ce sera le trio jusqu’à la fin du TOR. Dans la nuit, nous reprenons notre ascension vers le COL FENETRE (2854 M, Km 60) et nous basculons ensuite vers RHEMES-NOTRE-DAME situé 1100 M plus bas (1738 M, Km 65), par une très raide descente. J’y suis contrôlé le lundi 08 à 0707 Hr.
Ensuite, 1300 M de D+ nous attendent pour atteindre le COL ENTRELOR (3002 M, Km 70) et, petite surprise, une mini via ferrata (échelons métalliques et cordes fixes) clôture cette ascension.
 


 













 


Une bonne descente de 1400 M D+ nous permet de rejoindre EAUX ROUSSES (1654 M, Km 79) où je suis pointé à 1224 Hr. Cool, la barrière horaire est fixée à 1830 Hr !

C’est sous un beau soleil que nous attaquons la dure et longue ascension vers le col le plus élevé du TOR, le COL LOSON situé à 3299 M (Km 90). Les derniers (hecto) mètres sont ardus mais, pas à pas, je progresse !!! Les premiers mètres de la descente sont assez impressionnants et, de tout là-haut, j’aperçois le REFUGE SELLA, bien minuscule, 700 M plus bas (2585 M, Km 94).
    







 











 


 


Après un bref ravito au REFUGE SELLA, BEAUCAILLOU, CAMPARI et moi continuons notre descente vers COGNE (1531 M, Km 102). Il s’agit de la 2ème base de vie que nous atteignons à 2112 Hr le lundi 08, après 35 :12 Hr de course. COGNE est vraiment une très jolie et charmante petite bourgade valdotaine. J’y reviendrai certainement avec mon épouse !

On décide de s’y reposer convenablement et nous en ressortirons le mardi 09 à 0228 Hr (barrière horaire sortante à 0600 Hr, tout va bien). Pour le moment, aucun bobo n’est à signaler, chouette, on est bien.
Quelques centaines de mètres après avoir quitté la base de vie, 2 jeunes et charmantes demoiselles nous proposent (et pas qu’à nous d’ailleurs !!!!!) un bon petit espresso. Super sympa : nous ne refusons  évidemment pas.
  




On démarre pour de bon maintenant pour 1300 M de D+ en direction du COL FENETRE DE CHAMPORCHER (2827 M, Km 119) via le REFUGE SOGNO. Il fait déjà bien clair quand nous atteignons le col. S’amorce alors une très longue descente de 30 Km vers DONNAS, via le REFUGE MISERIN, le lac MISERIN et le Sanctuaire NOTRE-DAME-DES-NEIGES (2581 M, Km 121), ensuite via le REFUGE DONDENA (2151 M, Km 124) et CHARDONNEY (CHAMPORCHER) où nous sommes contrôlés à 1020 Hr le mardi 09. Une descente pas très facile et assez casse-pipe nous conduit à PONTBOSET (791 M, Km 139) où un petit ravitaillement nous attend. Suivent alors 10 Km faciles et pas toujours agréables et une ancienne route romaine taillée dans le rocher nous mènent à DONNAS (330 M, Km 149, le point le plus bas du TOR) où nous arrivons juste avant l’orage à 1502 Hr le mardi 09, après 53 Hr de course. La barrière horaire entrante est fixée à 2400 Hr et c’est toujours bon pour nous, pas de stress inutile.

 





Alors qu’on espérait bien se reposer, il fait tellement chaud dans le dortoir qu’il n’est pas possible de fermer l’œil. Nous quittons alors la base de DONNAS à 1839 Hr et la pluie nous surprend quelques minutes plus tard. D’abord une fine pluie puis une pluie beaucoup plus importante qui nous oblige à nous vêtir de notre bonne 3ème couche imperméable. L’itinéraire nous fait visiter les flancs de la cité et des tape-culs de presque 100 M de D+ à chaque fois via des marches ultra-glissantes et dans la lueur de nos frontales nous amènent à PERLOZ (663 M, Km 154) où un sympa ravitaillement est établi. On ne s’y attarde pas trop et c’est reparti sous la pluie et dans la nuit vers SASSA, par une rude montée. Je monte à mon rythme et je me laisse décrocher par CAMPARI et BEAUCAILLOU. Je suis seul durant cette montée et j’essaye de rester dans ma bulle, sans penser à quoi que ce soit de négatif, et cela fonctionne. Je rejoins mes comparses à SASSA, où je suis contrôlé à 2332 Hr. Quelques minutes de repos  et c’est reparti. Je ne suis pas le rythme de BEAUCAILLOU et de CAMPARI mais ce n’est pas grave, j’avance ! La montée vers les cols de PARTOLA (1965 M) et de CARISE (2124 M) à travers les éboulis et les gros rochers n’est pas évidente de nuit mais je garde une bonne petite et régulière allure, ce qui me permet de rejoindre BEAUCAILLOU et CAMPARI au pied de la dernière montée avant le REFUGE CODA (2224 M, Km 166). La vue sur la plaine de BIELLA, toute illuminée, est vraiment belle. Nous atteignons ensemble le refuge CODA  où nous nous restaurons et où nous nous reposons quelque peu. Nous repartons tous les 3 pour une bonne descente vers le LAGO VARGNO (1686 M, Km 172) avant d’attaquer, de jour, le COL MARMONTANA (2358 M, Km 176), situé 700 M plus haut que le précédent lac.
 

 




Ca y est, mon record de distance est battu : je n’avais jamais parcouru que 168 Km d’une traite !!!! Et nous sommes le mercredi 10/09 !
La descente vers le LAGO CHIARO (2096 M, Km 177) est assez raide et très souvent casse-g….le avec la pluie qui est tombée la nuit précédente. Au lac, CAMPARI qui s’est fait mal au genou en chutant, met une poche d’un produit glacé sur son genou tandis que BEAUCAILLOU et moi nous nous régalons des crêpes qui sont proposées aux participants et ce, sur un air d’accordéon joué par un spectateur. Un vrai plaisir !!!!
Nous entamons alors une sévère grimpette de 220 M de D+ dans les rochers pour atteindre la CRENNA DOU LEUI (2340 M, Km 179) puis le COLLE DELLA VECCHIA (2185 M, Km 181) avant de nous engager vers la longue et pénible descente sur NIEL. On m’avait dit de me méfier de cette partie du parcours, qui semble interminable et, de plus, avec le temps humide de la veille, elle est vraiment glissante et piégeuse. Je peux le confirmer : j’ai remporté la palme de la plus belle chute sur ce tronçon (un beau plat, de tout mon long, dans une immense mare de boue !!!!)
NIEL (1573 M, Km 187) est enfin atteint vers 1338 Hr le mercredi 10 !
La remontée vers le COL LAZOUNEY (2400 M, Km 190) m’apparait à ce moment comme une « délivrance », malgré que cette ascension était assez raide, c’est dire !!!
      

 
Toujours tous les 3, nous descendons en direction de GRESSONEY-ST-JEAN et nous traversons des alpages vraiment typiques de la région (LOO, OBER LOO) : c’est joli !
Un bon 1000 M de D-  et quelques heures plus tard, nous arrivons à GRESSONEY-ST-JEAN à 1907 Hr, soit avec 4 Hr d’avance sur la barrière horaire d’entrée et après 81 Hr de course, non sans avoir encore essuyé une bonne « drache » qui a rendu très périlleuse la progression (il est temps pour BEAUCAILLOU de changer de « godasses » car elles ne tiennent pas la route….). Pour l’occasion, BEAUCAILLOU a décidé de se déguiser en sac poubelle !!!
                  

 

Par contre, c’est un moment magique cette arrivée à GRESSONEY car nos épouses, à BEAUCAILLOU et à moi, viennent d’arriver de Belgique et nous attendent pour rejoindre avec nous la base de vie. Quel soulagement et quel bonheur de les retrouver : cela nous donne encore plus de PEP’S ! Ma VERO est aux petits soins pour moi et elle est aussi motivée que moi pour ce TOR ! Tout le monde (les « anciens ») s’accorde à dire que le plus dur est fait mais méfiance, il y a encore 130 Km à parcourir !!!
Nous décidons de bien nous reposer à cette base et de repartir à 2300 Hr au plus tard. CAMPARI en profite pour se faire soigner efficacement par un médecin.
Je demande à une bénévole de l’organisation de me réveiller à 2230 Hr (et moi, je réveillerai mes 2 comparses) mais cette gentille dame m’a oublié. VERO, mon épouse, ne nous voyant pas à 2245 Hr dans la salle, nous cherche et c’est ainsi qu’elle me réveille vers 2300 Hr. J’étais vraiment bien « ensouqué » et je dormais profondément. Le réveil a été plutôt pénible et, après avoir ameuté (c’est le bon terme)  BEAUCAILLOU et CAMPARI, nous nous apprêtons en vitesse et nous partons illico à 2327 Hr (soit 0130 Hr avant la barrière horaire). Merci VERO, tu nous as probablement évité un retard conséquent et un stress énorme !
Nous quittons à une très bonne allure de marche la base et le village et nous montons en direction du REFUGE ALPENZU (1788 M, Km 207), situé dans un très joli et typique village  WALSER. Ce refuge est vraiment superbe et nous y sommes, encore une fois, accueillis comme des rois!  

Pendant ce temps-là, VERO et MARIE-CLAIRE, (l’épouse de BEAUCAILLOU) dorment dans notre voiture : chapeau à elles deux !

Nous sommes maintenant le jeudi 11 et une rude mais régulière montée nous amène au COL PINTER (2776 M, Km 212), 1000 M plus haut. Il fait nuit encore et il fait très frais,  l’orage gronde et les éclairs fusent dans le lointain mais ce ne sera pas pour nous !
 

 

 
 Comme d’habitude maintenant, sitôt le col franchi, on redescend ! Direction CUNEAZ puis le REFUGE CREST (1958 M, Km 216) atteint à 0606 Hr. Par un chemin très facile (ça change pour une fois), brève petite remontée de 150 M puis, descente vers le village de ST-JACQUES (1700 M, Km 223) où nous retrouvons nos épouses à 0816 Hr (barrière horaire fixée à 1400 Hr). Notre progression, sur cette partie, a été très lente et a engendré, chez moi, un découragement certain mais passager. Mais cela, ce sont les aléas d’une telle épreuve. Après une certaine remise en question et une multitude de pensées diverses qui m’ont traversé l’esprit, la progression est reprise vers le REFUGE GRAND TOURNALIN (2535 M, Km 227). Je me laisse volontairement décrocher par mes compagnons de route pour faire le point sur ma situation et je les rejoindrai plus tard.  
 









 
De ce refuge vers la base de vie suivante (VALTOURNECHE), je progresserai seul, ruminant mes pensées, dans ma bulle, et me fixant pour seul but d’arriver à boucler ce TOR  dans le temps imparti, tout simplement ! Le COL DI NANNAZ (2770 M, Km 229) franchi sous les yeux (amusés ???) d’une troupe de bouquetins, la descente est amorcée vers VALTOURNENCHE et le paysage est encore superbe : MONT ROSE, CERVIN !
 


                                                              
Le jeudi 11 à 1306 Hr (après 99 Hr de course), j’arrive à VALTOURNENCHE (1526 M, Km 236) seulement quelques minutes après BEAUCAILLOU et CAMPARI. Je retrouve mon épouse, mes idées sont claires et je suis bien physiquement. Il fait grand beau et tout va bien. Que demander de plus ! Chacun se restaure, se repose, se fait soigner et, d’un commun accord entre BEAUCAILLOU, CAMPARI et moi, nous fixons le départ à 1530 Hr. Je me repose un bon moment dans la salle de repos et vient l’heure du départ.
   
Un p’tit bisou et, tout ragaillardi, c’est reparti pour 1200 M de D+ vers la FENETRE DE TZAN (2738 M, Km 251) via le REFUGE BARMASSE et la FENETRE D’ERSAZ.  La FENETRE DE TZAN sera encore franchie de jour et un instant magique va s’offrir à nous : le lever de la lune sur le glacier du MONT ROSE, tout simplement superbe ! Nous atteindrons le BIVOUAC REBOULAZ dans la nuit et, dans ce minuscule abri, une délicieuse assiette de pâtes nous sera servie par la gardienne : quel régal ! Suit alors une longue partie escarpée de saute-mouton avec des variations de +- 200 M et de cache-cache avec les différents refuges et bivouacs. J’avais l’impression que le refuge était tout près mais non, il fallait encore contourner un flanc de montagne pour y parvenir !!!
Tout cela  entre 2500 et 3000 M d’altitude durant une bonne dizaine de Km. Le REFUGE CUNEY (2656 M, Km 257) est atteint le vendredi 12 à 0225 Hr. Il nous reste encore 76 Km à parcourir jusque COURMAYEUR et moins de 38 Hr pour y arriver dans les temps. Nous avançons jusqu’au BIVOUAC CLERMONT où nous tentons de nous reposer 1 Hr mais c’est l’affluence et très bruyant. Nous dégustons une très bonne polenta et nous nous affalons sur un couchage libre afin de récupérer un chouïa. Et là, la machine à ronfler de BEAUCAILLOU se met en marche et je lui évite de justesse de se faire lyncher par un « sénateur » (finisher des 4ères éditions du TOR), Jean-Michel TOURON !!!!
Petite anecdote : à mon arrivée à ce bivouac, un renard me suivait et, manifestement, cherchait de la nourriture et ne semblait nullement apeuré : il était à 1 ou 1.50 M de moi !
Ayant évité le lynchage de BEAUCAILLOU, nous repartons en direction du COL VESSONAZ (2788 M, Km 262) puis une longue descente interminable de 9 Km et de 1300 M de D-, d’abord abrupte et ultra glissante (poussière) nous amène à OYACE (1463 M, Km 271) où nous attendent nos courageuses et dévouées épouses. Elles ont encore passé la nuit dans la voiture !!!!
 Il est 0803 Hr ce vendredi 12 et nous avons 06 Hr d’avance sur la barrière horaire : cool !!!
      

 

Je suis bien, je mange un chouïa et nous repartons tous les trois pour, de nouveau, une montée (très sévère  sur les 2 derniers Km) vers le COL BRUSON (2508 M, Km 277), sous un soleil généreux. Du sommet, on découvre, sur l’autre versant, bien loin, le COL CHAMPILLON qui sera notre prochain objectif !
 







 Mais avant, il y a encore une fameuse descente vers la base de vie de OLLOMONT !!! A nouveau, cette descente nous paraît interminable et, à nouveau, le bonheur m’envahit quand je découvre ma VERO qui vient à notre rencontre quelques kilomètres avant OLLOMONT. C’est super pour le moral !

Nous arrivons à OLLOMONT (1396 M, Km 284) à 1335 Hr alors que la barrière horaire entrante est fixée à 1700 Hr et la sortante à 1900 Hr. Nous avons quitté COURMAYEUR depuis 123 Hr maintenant. Il nous reste 27 Hr pour parcourir les 50 derniers Km.  Nous sommes à l’aise, pas de pression exagérée mais il ne faut pas se laisser aller malgré tout.
 











 Là, je me fais un peu remonter les bretelles par ma tendre moitié car je « chipote » pour préparer mon sac de course et je perds du temps pour me reposer. Je mange un bon bout avec une bière mais je me la fais aussitôt confisquer par ma VERO …. qui m’envoie me reposer.  Je n’y arrive pas car la tente de repos est située juste à côté de l’arche d’arrivée et des gamins ne cessent d’agiter leurs cloches pour encourager les coureurs mais bon, c’est ainsi ! CAMPARI en profite pour se faire soigner et, ne sachant dormir, part avec un peu d’avance sur nous. C’est à cette base de vie que WANAGI arrive, alors qu’il était bien en avance sur nous et qu’li avait été arrêté par un médecin pour se reposer quelques heures au REFUGE CUNEY (30 Km avant). Il se fait soigner également et il compte terminer l’épreuve avec nous.

A 1600 Hr, BEAUCAILLOU et moi quittons et nos épouses et la base vie, suivis quelques minutes plus tard par WANAGI qui nous rejoindra durant l’ascension du COL CHAMPILLON. Sous un ciel menaçant et après être passés au REFUGE LETEY (2433 M, Km 288) et après 1400 M de D+, nous franchissons le COL CHAMPILLON (2707 M, Km 290) et nous abordons la descente vers PONTEILLE DESOT (1830 M, Km 294), toujours à la lueur du jour. Nous arrivons au ravitaillement à la limite de l’obscurité et l’accueil à ce point est encore génial : il y  a de tout et même de la GRAPPA, du vin et de la bière. L’hôtesse des lieux est vraiment super serviable et attentionnée mais bon, il va quand même falloir y aller, il y a encore du chemin !!! Un très bon chemin carrossable nous amène 9 Km plus loin à ST-RHEMY-EN-BOSSES (1600 M, Km 303) où nous arrivons comme des zombies à 2302 Hr. WANAGI, BEAUCAILLOU et moi zigzaguions littéralement  sur le sentier : il était temps d’arriver et de trouver un endroit pour se reposer au moins 1 hr.

 Et c’est là que nos épouses nous ont encore aidés en nous dégotant ou un fauteuil ou un lit de camp pour nous reposer un peu. C’était nécessaire. Une heure plus tard, au réveil, nous retrouvons CAMPARI et, tous les quatre, nous continuons notre chemin vers la dernière grande difficulté du TOR, le COL DE MALATRA précédé du REFUGE DU LAC (ou FRASSATI) au TSA DE MERDEUX (2537 M, Km 313). La barrière horaire est fixée à ce samedi 13 à 0800 Hr et nous sommes bien en avance, cool !
Un fameux coup de pompe se fait sentir et on se repose un peu au refuge pour recharger nos batteries avant la montée vers MALATRA que nous atteignons dans la nuit encore (2936 M, Km 315). Les derniers mètres sont acrobatiques et, sitôt dans la brèche, nous devinons le VAL FERRET et la chaîne du MONT-BLANC  qui nous fait face. Un frisson de  bonheur m’envahit soudainement !  Il ne nous reste alors (plus que) 18 Km avant de gagner notre pari !!! Le vent est assez  violent et la descente vers le REFUGE BONATTI est , à nouveau, longue. Nous atteignons le REFUGE BONATTI (2033 M, Km 321) le samedi 13 à 0806 Hr. Le rêve d’être finisher du TOR se dessine de plus en plus !!!  J’envoie un SMS à MARCASSOU (ou à BOLY, je ne sais plus) et à mon épouse pour leur préciser notre progression.

Toujours à quatre, sous les encouragements des nombreux randonneurs, nous progressons jusqu’au dernier point de contrôle avant l’arrivée, le REFUGE BERTONE (1940 M, Km 329) où nous arrivons à 1026 Hr.  Là, pour laisser le temps à nos copains Célestes arrivés bien avant nous de préparer un peu notre arrivée, nous prenons le temps de déguster une bonne pinte de MORETTI, au soleil !!! De plus, c’est l’heure de l’apéro !

Heureuse surprise également, LOLODESARCS (Laurent TOUNE) vient à notre rencontre jusque BERTONE. Nous effectuerons la descente avec lui jusque COURMAYEUR. Merci à lui, c’est hyper sympa !

A l’approche de COURMAYEUR, l’excitation et l’émotion s’emparent de nous tous. Je ne peux décrire mes pensées tellement elles sont « profondes » et personnelles à cet instant. Dans le centre historique de la cité, quand nous pénétrons à quatre dans la VIA ROMA menant à l’arche d’arrivée, je me sens dans un autre monde. Les bravo, les bravi, les bravissima des spectateurs fusent de partout. Quand je vois nos copains Célestes, nos amies MARIE-T et MONIQUE (venues exprès de PRALOGNAN-LA-VANOISE)et amis,  nos épouses quelques dizaines de mètres plus loin, l’émotion est si forte que les larmes m’en montent aux yeux. Et voilà, on y est : le drapeau des Coureurs Célestes est déployé, les étreintes se font, le PROSECO jaillit et l’arrivée est franchie par nous, les quatre mousquetaires, sous les encouragements (de la foule en délire !!!). Comme disait WANAGI : stars d’un jour !!!

       
 

 











Quel bonheur, je ne sais exprimer ou décrire toute la profondeur et l’intensité de mes sentiments. Je vois VERO, je la sers dans mes bras, je l’embrasse et …je chiale un bref instant comme un gosse, à tel point que je n’entends même pas la chanson du GRAND JOJO qui explose dans la sono, c’est dire !!! Après, petite séance photos avec tout le monde, signature de l’affiche par tous les  finishers et on doit bien laisser la place aux autres « voyageurs » sur la ligne d’arrivée.
  
              


   
J’oubliais : à 1214 Hr, après 146 :14 Hr de course, la ligne est franchie, concrétisant mon rêve !!!!


















Petite chose curieuse : j’avais un de ces ventres, un vrai petit tonneau et qui, semble-t-il, était dû à la rétention d’eau. C’était vraiment spectaculaire. Les pieds et les mollets ont suivi également le mouvement !!! Je me suis pesé de retour en Belgique et j’avais pris 5 Kgs tellement la rétention était importante !!!! 















Nous allons alors, ensemble, déguster une savoureuse bière à la terrasse d’un bistrot juste à proximité de l’arrivée. Tous les amis et proches sont là, que du bonheur que de partager ces instants et ces émotions intenses avec eux !       

Après quelques pintes, je fais le choix de rentrer à l’hôtel EDELWEISS afin de me doucher et de me reposer, enfin, dans un vrai lit ! Et le soir, nous nous retrouvons tous pour une bonne « bouffe » dans un restaurant et nous terminons la soirée au « P’tit Bistrot » (ultra sympa, situé non loin de notre hôtel, Via Marconi, 6) autour, bien entendu, de quelques grolles ! On y rencontrera d’ailleurs un des organisateurs du TOR qui porte notre T-Shirt fétiche « MALATRA, NOUS VOILA » !
 Quel bonheur !
 

 


 Et le dimanche 14, c’est la remise des prix au centre sportif de DOLONNE. Cérémonie un peu longue mais qui insiste, à juste titre, sur le caractère convivial, généreux et « nature » du Val d’Aoste et de l’épreuve en elle-même. Vient ensuite un moment qui m’a, de nouveau, rempli d’émotion et qui m’a ému très fort : l’appel des finishers et la remontée à travers les spectateurs jusqu’à la scène. Moment intense : j’en avais les larmes aux yeux (oui, encore !!!!)


Enfin, la remise de la veste de finisher et la photo de groupe.
  






 
Voilà, cette cérémonie clôturait une fameuse semaine remplie d’intenses émotions partagées et de moments divers, allant du doute à la félicité! Comme il nous l’était annoncé dès la remise des dossards, ce fut un sacré voyage, tant personnel et intérieur que physique !  Tout au long de ce « voyage », tant les bénévoles que les spectateurs valdotains étaient d’une gentillesse rare.
Merci à toutes et tous : nos épouses (Véro, Marie-Claire), ma famille, mes collègues (qui se demandent si j’ai bien toutes mes frites dans le même sachet…) mes amis proches venus sur place (Marie-T, Monique, Laurent, DROOPY), mes amis et Célestes restés au Plat Pays qui nous ont encouragés par leurs SMS et coups de pieds au c… virtuels, mes célestes comparses et mousquetaires(CAMPARI, BEAUCAILLOU, WANAGI, BOLY, MARCASSOU, VOLLEGAZ, NATHA, GUY, les 2 CHRISTOPHE), tous les autres compagnons de route rencontrés au hasard des sentiers et tous les Valdotains (bénévoles, organisateurs, villageois…) qui se sont montrés  d’une gentillesse extrême.
Désolé si j’ai omis quelqu’un….


Pour info :

- vainqueur de l’édition 2014 : COLLE Franco (Italie) en 71 :49 Hr (arrivée le mercredi matin !!!)
- 1ère dame : Emilie LECOMTE (France) en 85 :53 Hr (9ème au scratch !!!)

- 738 coureurs au départ et 444 finishers dans le délai imparti
- 10 coureurs célestes au départ et 10 à l’arrivée : 100 % de réussite !
- 25 Belges au départ et 18 à l’arrivée : pas mal pour notre PLAT pays :
http://www.tordesgeants.it/it/news/classifica-2014

                - 71ème     DEWAELE Steven                   109 :06
                - 72ème     LAMBIN Claude                      109 :06
               - 95ème     BERTON Guy                          117 :13                   COUREURS CELESTES
                - 96ème     TRAINA Christophe                                117 :14                   COUREURS CELESTES
                - 114ème   SPELMANS Christophe           119 :18
                - 183ème   MAONT Vincent                     125 :57                   COUREURS CELESTES            « VOLLEGAZ »
                - 196ème   JACQMIN Nathanaël              126 :57                   COUREURS CELESTES            « NATHA »
                - 210ème   OUNS Kissiyar                        128 :08
                - 218ème   DUTZ Olivier                          128 :38                   COUREURS CELESTES            « BOLY »
                - 219ème   BERNARD Marc                     128 :38                   COUREURS CELESTES            « MARCASSOU »
                - 302ème   SCHAAPS Pieter                     135 :44
                - 328ème   HENNUS Luc                          142 :27
                - 374ème   DELPIERRE Jean-Luc              146 :13                   COUREURS CELESTES            « BEAUCAILLOU »
                - 375ème   NOVILLE Maurice                   146 :13                   COUREURS CELESTES            « CAMPARI »
                - 376ème   STRUYS Etienne                     146 :13                   COUREURS CELESTES            « WANAGI »
                - 377ème   MEUWIS Joël                         146 :13                   COUREURS CELESTES            « BUFFALO JOE »
                - 389ème   HEINE Denis                           146 :44
                - 417ème   ONDA Marco                          148 :16

- un superbe ouvrage richement illustré : « TOR DES GEANTS » par Stefano TORRIONE aux éditions SIME BOOKS







BUFFALO JOE
(Joël MEUWIS)